Parce qu’il est facile d’enfermer notre musique dans le passé, dans le « c’était mieux avant », sans connaître, sans reconnaître les voix actuelles qui innovent, font vivre et ravivent notre culture.

Le statut légendaire, international des groupes comme Kassav ou Malavoi nous fait parfois oublier le nombre de grands artistes de chez nous qui ne sont pas reconnus à leur juste valeur, de leur vivant.

Et en 2017, la saturation des propositions musicales, la standardisation galopante des propositions plébiscitées, contraignent pas mal d’artistes passionnants à évoluer sous le radar, underground ou sur le côté, sans lumière médiatique, sans considération institutionnelle et aussi sans la curiosité du public rendu passif.

 

Chérir l’innovation de nos artistes, avant qu’elle soit validée par l’extérieur.
C’est aussi chérir notre parole, entendre notre propre parole.
Être en accord avec notre propre souffle.

Au lendemain de Maria, au surlendemain d’Irma, il est saisissant de constater que même lorsqu’un événement majeur nous touche directement, pour ne pas dire exclusivement, la couverture médiatique qui en est faite depuis l’Hexagone (puisqu’on ne dit plus Métropole, changer le mot plutôt que sa réalité…) ne déroge pas à certains fondamentaux. Dans les témoignages recueillis par les télés et les journaux, notre parole est confisquée, invisibilisée. Les populations autochtones sont rendues muettes, réduites à des présences floues en arrière-plan, soit victimes soit pillards. Cela même dans le feu de l’actualité, imagine dans la banalité du quotidien.

 

Mais au fond, tant pis si l’autre ne nous voit pas, ne nous entend pas.

Le problème plus grave survient quand nous-mêmes, nous nous regardons à travers le prisme de l’autre. Quand nous-mêmes, nous ne nous voyons pas, nous ne nous entendons pas. Quand nous devenons invisibles à nos propres yeux. Et que nous l’acceptons.

La culture, la musique, ne sont pas la solution, mais peuvent être les voix par lesquelles nous racontons, nous nous racontons nous-mêmes.

Dans le cas de petits pays comme les nôtres, tout comme les « petits pays » de Cesaria Evora ou Gaël Faye, il nous incombe de valoriser ces voix par et pour nous-mêmes, avant même d’espérer qu’elles soient entendues dans le concert des peuples du monde.

Une grosse pensée pour Saint-Martin, la Dominique, Barbuda, Cuba, toutes les îles de la Caraïbe qu’on ne cite pas, qu’on ne situe pas, qu’on n’entend pas.

EDS.

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