En 1995, je suis embauché à Boston dans le cadre de mon MBA. je m’apprête à vivre l’expérience la plus humiliante de ma vie. Aujourd’hui, elle me sert encore de leçon.

Au bout d’une semaine de boulot, le boss me convoque dans son bureau en me disant :

“Max, je dois te parler…”

Pris de panique, je me demande ce que j’ai pu faire, est-ce ma boucle d’oreille, ou ma coupe de cheveux qui ne sont pas à son goût ?

“Tu es ici car j’ai jeté un œil à ton cursus scolaire. Tu es là pour enrichir mon entreprise. Je suis là pour prendre toute les capacités de ton cerveau et les mettre à profit pour mon business. C’est compris?”

Je me sens soulagé jusqu’au moment il me lâcha cette phrase qui résonne encore dans ma tête.

« On ne sera jamais amis ou des camarades.
Nous n’irons jamais boire de bières ensemble,
CAR JE DÉTESTE LES NOIRS.»

Je sors de son bureau complètement déboussolé et je me remets au travail. Puis je rentre chez moi en ayant le sentiment d’avoir été déshumanisé en une phrase. Je cogite pendant tout le week end ; je n’ai personne à qui parler.

Alors je repense aux histoires taboues sur l’esclavage. Elles viennent me hanter. Je prends conscience que je suis encore mentalement esclave et aliéné dans mon fort intérieur. Je repense à ma mère qui me disait souvent que “la vie est une succession d’organisation”. C’est alors qu’une sorte rage s’empare de moi : je me vois à la fois comme un animal et un être humain. Je comprends alors que cet épisode a déclenché mon instinct de survie. Je reviens au boulot le lundi, apaisé et motivé comme jamais je l’ai été de ma vie. Tout le monde ressent ma rage de vaincre de convaincre, y compris mon boss. Je valide mes objectifs et il me reçoit pour mon entretien final en me remerciant d’une poignée de main et d’une lettre de recommandation.

De retour sur Paris, je m’aperçois que ma grille de lecture a complétement changée à propos des discriminations : je les vois certes, mais je m’en sers comme motivation car je refuse de me voir réduit à ce carcan qui emprisonne et qui fait de vous toujours une VICTIME. Je n’en suis pas une.

Au final je n’ai jamais su si mon si mon boss américain était véritablement raciste ou s’il s’était servi de ce levier pour me motiver, mais je puis vous garantir que cette expérience m’a élevé et déclenché une rage positive dont je sers tous les jours afin d’atteindre mes objectifs, “BY ANY MEANS NECESSARY”.

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