« Dans ce cirque médiatique il n’y a pas de Monsieur Loyal. »          Mak Paro

Cela fait bien des années que sous le chapiteau du grand cirque médiatique, l’appareil fait en sorte d’exposer les rappeurs.

Tantôt amuseur, tantôt fauve, le plus apprécié des rappeurs est le rappeur tourné en clown. Dans ce cirque il suffit d’une carotte pour manipuler certains ânes se pensant fauves au milieu de l’arène qu’ils pensaient piste.

Combien de fois avons-nous vu à la télévision ou à la radio un rappeur face à 2, 3, 4 ou 5 interlocuteurs rompus aux joutes verbales, bien souvent journalistes et/ou « intellectuels » ?

Combien de fois dans des débats de société un rappeur a-t-il été tourné en ridicule quand il n’a pas été instrumentalisé?

N’y a-t-il pas dans ce pays des responsables associatifs ou autre sociologue afin de débattre de faits de société ?

On en vient à se demander si la banlieue n’est composée que de rappeurs …

Pourtant, à 4h du matin, pas de Beatboxing sous les abribus, ni même de Ghetto Blaster. La France qui se lève tôt et qui se couche tard en banlieue est très loin de n’être composée que de M.C.

Pourquoi imposer aux habitants de la banlieue des rappeurs comme représentants ?

Est-ce la fainéantise, le sensationnalisme ou la nostalgie des arènes romaines qui fait une production choisir de tels protagonistes pour une joute verbale aussi déséquilibrée ?

Sans émettre d’avis ou de faux SMS, la production imprime ses choix par la qualité des intervenants choisis qui sont bien souvent les mêmes, ce qui est un autre problème. Concernant la banlieue, on proposera rarement un intellectuel issu de la banlieue ou des responsables associatifs qualifiés comme si cela n’existait pas. De plus, le temps de parole est compté pour chaque interlocuteur. Donc si vous laissez 4 minutes à 5 personnes qui défendent la même position et que vous n’en donnez que 4 à l’interlocuteur au discours contradictoire, vous créez de nouveau un déséquilibre.

Le rappeur est-il l’intellectuel de la banlieue ?

Quand Bam’s, citoyenne française et rappeuse, se retrouve dans l’émission « Ce soir ou jamais » dans un débat lié à Exhibit B face à autant de contradicteurs, on peut s’interroger sur la bonne foi de la production. Pourquoi ne pas opposer à ces personnes le même nombre d’interlocuteurs à l’avis inverse ?

A-t-on besoin de créer un environnement faussement ouvert au débat afin de discréditer des personnes et leur discours ?

Les rappeurs sont des artistes et, en tant que tel, ils ont le droit de se contredire. Personne ne peut prendre le texte d’un maître de cérémonie pour une rédaction scientifique. Pas de chiffres, pas d’études, mais des constats fait par une personne. Celle-ci livre sa vision, son expérience, virtuelle ou réelle, subjective ou objective, à l’instant T.

Le rappeur Kery James n’a, encore une fois, pas à répondre aux propos de Raphael Enthoven à la recherche d’une proie facile et médiatique afin d’aiguiser ses dents.

On frise le ridicule, un « intellectuel » s’en prend encore à un rappeur pour faire le buzz . Le rappeur c’est le petit amuse-gueule des « intellectuels » aux méthodes parfois contestables.

Au vu du nombre d’années de carrière, d’albums et de remises en question de Kery James, nous ne sommes pas à une contradiction près. Faut-il chercher la vérité au détour d’un mot ou d’une phrase pour se permettre de juger un artiste et lui imposer un jugement scientifique sur ce qui est de l’ordre du ressenti?

Ces pseudos intellectuels, pseudos poil à gratter de la société française et autre chercheurs de paradoxe des mass média, sont bien souvent issus du même milieu social et culturel.

Ils ciblent et fixent leur attention sur les mêmes débats et leur façon d’attaquer les sujets d’actualité liés à la banlieue et sa population est toujours la même. Comment peut-on s’estimer « poil à gratter » quand on gratte dans le même sens que ses pairs? Au mieux on est une brosse à reluire.

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